Me noyer dans mon verre…

… d’eau
… de rhum
… de vin blanc
Ça dépend des soirs !

J’aurais dû vous écrire le bonheur que j’ai eu à organiser, à envoyer et à recevoir le Spring Swap. Normalement c’est ce que j’avais prévu de vous raconter aujourd’hui. Mais là je passe en ouragan pour vous dire que je suis noyée…

… dans mes souvenirs. Il y a certaines pages qui se tournent, mais ils y a certains rêves qui demeurent, je nage entre deux eaux, et pas de la même couleur.

… dans mes émotions. Inexplicablement (mes hormones décalées doivent me jouer des tours) je joue aux montagnes russes avec mes rires et mes larmes. Je suis vidée.

… dans mes lectures. Un bouquin sur le suicide des enfants après un bouquin sur le naufrage d’un boat-people n’était pas l’idée du siècle. Je sombre bien profond.

… dans le virtuel. Le flot des blogs avance inexorablement alors je que suis clouée au port. J’arrive pas trop à me mouiller en ce moment, alors je ne vous lis plus, je me suis un peu retirée. Parce que tout ça !

… dans mon travail. Je dépense une énergie folle pour rester dans le sens du courant : essayer de créer des moments « moins pires » d’un remplacement qui ne me convient pas.

… dans mes finances. Je ne sors pas la tête de l’eau. Je n’y arrive pas. Dès le 10 je suis dans le rouge. Alors je ne m’offre rien, je ne dépense rien, je mange ce qu’on me donne.

… dans ma ville. Les fascistes ont débarqué en force et le second tour est redouté. Je ne barboterai pas dans ces eaux-là. Jamais ! J’ai la nausée.

… dans mon pays. Je ne comprends pas qu’on puisse être si con. Je ne comprends pas la notion de punition par l’extrême. C’est la goutte d’eau.

Si un contemplatif se jette à l’eau, il n’essaiera pas de nager, il essaiera d’abord de comprendre l’eau.
Et il se noiera.
Henri Michaux